AUSCHWITZ LES PROFONDEURS DE L'ABIME 28 février-24 mars 2005, Lycée Camille Sée, Colmar
Un document d'accompagnement réalisé par le Centre départemental de documentation pédagogique du Haut-Rhin
Auschwitz : les profondeurs de l'abîme Le camp d'Auschwitz-Birkenau Chronologie du camp L'"album d'Auschwitz" Les photographies comme documents historiques Biographie de Zinovii Tolkatchev « J'ai fait ce que je devais faire... » Glossaire Enseigner l'Holocauste au 21ème siècle Ressources en médiathèque Ressources en librairie Ressources en ligne Questionnaire élèves
Enseigner l'Holocauste au 21ème siècle
pour cela un quelconque pardon. Même dans leur propre famille, la plupart des survivants juifs se turent alors, pendant des années, taraudés par la question de savoir ce qui leur avait permis de tenir le coup ; dans les témoignages recueillis pour Témoigner – Paroles de la Shoah, chacun a son hypothèse : « j’étais jeune et solide », « je croyais en Dieu », « je n’y croyais pas », « j’étais bête », « j’étais intellectuel », « j’étais révolté », « j’étais inconscient », etc. Tentatives de compréhension, qui s’expriment pour cacher le doute insupportable. Primo Levi approche sans doute un peu plus de la réalité, en percevant un faisceau de petites raisons, de petites étincelles d’humanité préservée qui au total conduisirent à sa survie – autant dire une succession de toutes petites chances, de tout petits hasards.
Les Juifs qui avaient survécu sur place ou étaient revenus d’exil se turent eux aussi: après avoir été désignés, isolés, haïs, massacrés, ils n’aspiraient désormais qu’à se fondre dans la masse, devenir des citoyens avant tout anonymes, n’être ni vus ni entendus comme Juifs.
Le silence des nationaux non juifs était aussi teinté de culpabilité : à part les Justes, qu’avait-on fait devant la catastrophe ? Les militaires n’avaient pas tenu compte de la destruction dans leurs choix. La population civile, hormis la Résistance — et encore : combien de convois pour Auschwitz sabotés ? —, avait été passive. Des collaborateurs ou trafiquants, des dénonciateurs voulaient surtout se faire oublier, de même que bon nombre de fonctionnaires, notamment dans la police et la justice.
Le silence fut observé peu ou prou dans tous les pays d’Europe. Quelques historiens, juifs pour la plupart, se mirent au travail, sans grand écho. Quelques témoins écrivirent, sous des formes et dans des styles variés.

Certains, comme Primo Levi, eurent du mal à trouver un éditeur.
Les silences sur les autres génocides de l'Holocauste. Tsiganes, témoins de Jéhovah, homosexuels, handicapés, élites polonaises, républicains espagnols, prisonniers de guerre russes : au mieux certains furent confondus dans l’appellation générique "déportés et résistants". Mais on nia ici ou là le caractère génocidaire de la destruction des Tsiganes, que l’on continua même à considérer et à traiter de façon discriminatoire – encore aujourd’hui ils subissent des restrictions de circulation et de stationnement, ou bien sont parqués, dans quasiment tous les pays d’Europe où ils passent. Les homosexuels ne sont quasiment nulle part reconnus officiellement comme victimes — en France, différentes associations ne daignent pas les connaître — et les historiens ne les mentionnent qu’exceptionnellement.

Ces extraits de textes sont tirés de Enseigner l'Holocauste au 21ème siècle, publication sous la direction de Jean-Michel Lecomte, rédigée dans le cadre du projet du Conseil de l'Europe intitulé "Apprendre et enseigner l'histoire de l'Europe du 20ème siècle" (Éditions du Conseil de l'Europe, Strasbourg, 2001).
Ce guide, composé de 50 fiche et fondé sur les travaux d'auteurs aussi incontestés que Raul Brawning, et sur des témoignages directs, notamment ceux de Primo Levi, de Hermann Langbein et de personnes interviewées par Claude Lanzmann, propose aux enseignants une somme de connaissances leur permettant de construire une progression pédagogique.
La version intégrale de cet ouvrage est consultable en ligne sur le site Internet de l'AIDH (Association Internet pour la promotion des droits de l'homme) à l'adresse www.aidh.org/Racisme/shoah/holo/.
Elle est également disponible en téléchargement au format PDF [enseigner_holocauste.pdf - 134p. - 589 Ko].

 
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