AUSCHWITZ LES PROFONDEURS DE L'ABIME 28 février-24 mars 2005, Lycée Camille Sée, Colmar
Un document d'accompagnement réalisé par le Centre départemental de documentation pédagogique du Haut-Rhin
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Enseigner l'Holocauste au 21ème siècle

en définissant ainsi les Juifs, on les transformait en "problème", et de là il faudrait bien un jour envisager la "solution finale" à ce problème.
La deuxième étape est celle du recensement ; elle est d’autant plus nécessaire que l’autre différent n’est pas différent. Physiquement, malgré les caricatures diffusées, le Juif peut ne pas avoir l’air d’être juif. Il faut donc l’identifier, en connaître la liste, savoir le localiser par une adresse, être capable de le trouver au moment venu. Dans les divers pays sous domination nazie, ce fut une préoccupation presque immédiate. Il est à noter qu’en France le gouvernement devança les demandes de l’occupant pour réaliser cette étape et les suivantes. De la même façon, le fichage des homosexuels par la police strasbourgeoise fut transmis aux forces d’occupation, ce qui facilita leur déportation. En ce qui concerne les Tsiganes, la nécessité du recensement s’accompagnait de celle de leur fixation, le nomadisme n’étant pas supportable.
Les trois étapes suivantes ne correspondent pas strictement à une chronologie : elles ont pu s’effectuer dans des ordres divers selon les territoires, et même souvent simultanément.
La troisième étape est celle de la désignation. Il s’agit d’indiquer à la population qui est juif, afin que le discours stigmatisant la "race inférieure" et la nécessité de s’en préserver prenne littéralement corps. C’est l’obligation de porter un signe distinctif : ici un brassard, là une étoile de David. On peut noter que cette pratique n’est pas non plus une invention nazie, ni même la couleur jaune, puisqu’elle avait été instituée des siècles plus tôt en Europe sous des formes variées. En Allemagne, cette obligation survint relativement tard, le 19 septembre 1941, soit après la décision de destruction totale. Mais elle s’était bien

auparavant appliquée aux lieux : commerces et ateliers avaient ainsi été "marqués" comme juifs.
La quatrième étape est celle des restrictions et spoliations. Elles portent sur les biens, leur propriété ou leur acquisition. L’"aryanisation" des entreprises considérées comme "juives" fut en Allemagne un travail de grande envergure, et aussi de longue haleine. Il n’était en effet, pour les entreprises de grande taille, pas possible de décréter purement et simplement des transferts de propriété, du fait des conséquences possibles sur les marchés internationaux, dont l’Allemagne avait besoin pour sa propre industrie. Ce fut par contre beaucoup plus aisé pour les entreprises de taille modeste. Après le déclenchement de la guerre, la saisie de biens de toute nature tourna au pillage : bien au-delà des oeuvres d’art — qui représentent cependant des valeurs considérables —, elle concerne très vite des biens comme les fourrures lorsque les armées affrontent le froid à l’est, et toutes sortes de biens devenus rares du fait de l’état de guerre. Les spoliations étaient également immobilières et financières : les Juifs sont progressivement privés de pensions et de l’ensemble des divers droits sociaux.
La cinquième étape est celle de l’exclusion. Elle survient parallèlement à la quatrième. Exclus de la fonction publique, les Juifs se voient interdire de nombreuses professions où ils étaient de façon traditionnelle fortement représentés (médecins, avocats, etc.). Dans le même temps, ils furent exclus de la fréquentation de certains lieux (établissements publics, moyens de transport, etc.). Même l’approvisionnement quotidien finit par être fortement limité (accès aux commerces pendant une heure de l’après-midi). Dans les territoires occupés, l’exclusion géographique était accentuée par des horaires de couvre-feu plus limités,
 
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