AUSCHWITZ LES PROFONDEURS DE L'ABIME 28 février-24 mars 2005, Lycée Camille Sée, Colmar
Un document d'accompagnement réalisé par le Centre départemental de documentation pédagogique du Haut-Rhin
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Enseigner l'Holocauste au 21ème siècle

Le processus de déshumanisation

Détruire une importante quantité de personnes au sein d’une population ne peut se réaliser sans tenir compte des réactions du reste de la population. S’ils ne sont pas trop nombreux, les opposants éventuels peuvent être eux-mêmes, et le sont, détruits. Ce fut le cas en Allemagne et dans les territoires occupés ou contrôlés. Mais pour éviter une émotion trop vive et généralisée, il faut transformer la majorité de la population en témoins indifférents, en complices ou en acteurs du massacre – nous avons vu récemment qu’au Rwanda les Hutu n’avaient qu’une alternative : être victimes ou bourreaux; les Hutu modérés furent massacrés comme les Tutsi. Etat totalitaire, le Reich n’envisagea pas pouvoir obtenir que chaque Allemand massacre son voisin juif, et ce d’autant que le degré d’intégration et d’assimilation était fort. Mais la raison principale en était que cela aurait été un désordre. La propagande et la doctrine avaient depuis la création du nazisme visé à transformer le plus grand nombre en complices, et tous les enfants et adolescents passés par la Hitlerjugend n’eurent quasiment pas le choix. Pour obtenir que la grande majorité du reste de la population soit composée de témoins, sinon indifférents, au moins silencieux, c’est le processus de déshumanisation qui fut choisi, afin d’entreprendre de façon efficace la destruction le moment venu.
Ce processus peut être décomposé en sept étapes, sans pour autant que celles-ci soient distinctes les une des autres dans le temps.
La première étape est celle de la définition. Définir quel est cet autre si irréductiblement autre qu’il faut le détruire est un préalable déterminant. Le phénomène du bouc

émissaire est connu de tous dans les petits groupes humains. Il est beaucoup plus compliqué à l’échelle des peuples. Pour ce qui est des Juifs, il faut reconnaître que le nazisme n’a ici rien inventé. En l’occurrence, la définition de départ est double : il s’agit d’opposer "race juive" et "race aryenne".
Cette double définition parallèle est indispensable pour effectuer le passage du bouc émissaire individuel, du pogrom, à l’entreprise de destruction industrielle systématique. Il est à cet égard à noter la nécessité d’une organisation totalitaire de la société. C’est ce totalitarisme qui détermine immanquablement les autres génocides et destructions massives qui font de l’Holocauste un tout: l’État totalitaire nazi ne peut supporter ce qui déroge à la suprématie et à l’uniformité de la "race" des seigneurs. Ainsi les Tsiganes, en tant que non sédentaires, sont-ils incontrôlables. Ainsi les handicapés et les aliénés ne peuvent-ils être assimilés à une "race" définie comme pure. Ainsi les homosexuels, différents mais non différents, sont-ils tout aussi incontrôlables. Ce qui est incontrôlable est qualifié par le nazisme d’"asocial". De cette façon est enclenché le mécanisme obligatoire du génocide, c’est-à-dire de la destruction des gens qui sont différents par ce qu’ils sont. Mais l’État totalitaire — ce n’est pas spécifique au nazisme — ne peut supporter non plus ceux qui se différencient par ce qu’ils croient ou ce qu’ils pensent. Ainsi les témoins de Jéhovah, qui refusent le serment, le salut hitlérien et la participation à l’armée, ne sont-ils pas tolérables, et ne peuvent-ils finalement qu’être détruits. Ainsi en est-il encore des opposants politiques, au premier rang desquels, en nombre, les communistes.
On a bien sûr sous-évalué cette première étape, sans déceler à quel point elle contenait en germe l’issue :
 
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