direct
à la réalité. Et quand bien même cette réalité
soit déjà dépassée, la photographie retire
du passé une coupe transversale du temps, et la projette dans
le présent. Le temps ainsi gravé laisse une impression
indélébile de la mémoire de l’individu et
demeure un legs public pour l’avenir. En observant ce fragment
visuel, on peut faire un retour en arrière et se concentrer sur
les détails, pouvant alors évoquer pensées et mémoires.
Les images fixes se révèlent puissantes et conservent
une place de choix, même dans l’ère des images animées.
Néanmoins, malgré le pouvoir inhérent aux photographies,
elles sont également vulnérables. Après tout, bien
que considérées comme le produit d’une simple activité
technique, elles ne sont pas infailliblement objectives. Comme tout
document historique, les photographies ont une perspective personnelle.
Le photographe choisit le temps de pause, l’angle et possède
les moyens techniques de jouer au moyen de la lumière et de l’ombre,
sur la dissimulation ou l’accentuation, la réduction ou
l’agrandissement. Même après le travail du photographe
achevé, d’autres facteurs entrent en jeu, influençant
et changeant par là-même les choses. La classification
des photographies, le contexte dans lequel elles sont imprimées,
la formulation des titres peuvent produire des interprétations
différentes et ainsi changer la vérité historique.
Les historiens doivent donc examiner les détails de la photographie
suivant une voie critique, comme s’ils étudiaient un document
historique à part entière. L’attention doit se porter
sur l’identification des personnes prises en photo, du photographe,
la date de la photographie, les noms et sur tout autre détail. |
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L’utilisation
de la photographie au cours de la période nazie
Les années précédant l’accession au pouvoir
du régime nazi constituèrent l’apogée du
développement du photo-reportage. Les photographies sont arrivées
à une totale reconnaissance, et cela en raison de la fabrication
à grande échelle de l’appareil-photo ainsi qu’à
sa large utilisation par le grand public. La liberté d’utilisation
du modèle portatif, l’appareil-photo compact Leica, qui
remplaça les appareils fixes de studio, a ouvert de nouvelles
options photographiques ; il est ainsi devenu possible de prendre des
photographies spontanées en extérieur, suivant de nombreux
angles différents.
Les autorités nazies, qui ont profité de l’appareil-photo
comme un moyen de glorifier le Reich et ses leaders, en persuadant le
peuple allemand, modelant l’opinion publique et disséminant
leur doctrine raciale, étaient tout à fait conscientes
que les photographies pouvaient jouer contre eux. Par conséquent,
des lois ont été édictées interdisant la
photographie à l’intérieur des ghettos, camps et
autres secteurs sensibles. Des photographes professionnels nazis ont
travaillé sous le contrôle du gouvernement. Les photographes
au sein des unités de propagande opérant au front, les
photographes de presse et les photographes indépendants travaillant
en Allemagne pour la presse étrangère, tous étaient
soumis à une rigoureuse censure.
Il y avait, cependant, d’autre personnes qui pouvaient librement
prendre des images et qu’il était plus difficile de contrôler.
Ceux-ci étaient des civils allemands qui possédaient des
appareils-photo et des soldats allemands qui apportaient leur propre
appareil avec eux et |