évidente.
Le travail photographique se veut professionnel. Tous les efforts ont
été clairement mis dans la planification et la prise de
vues. Le photographe a essayé de capturer ce qui se produisait
sur la plateforme avec une vue plongeante. Des objectifs grand-angle
ont été utilisés pour prendre des photos d’une
certaine distance et en hauteur ; dans les plans rapprochés,
on peut parfois discerner la réaction des personnes à
la présence du photographe.
Quelques-unes des photographies ont exigé de grimper sur les
toits des voitures de fret et sur les tours de guet. Beaucoup de mobilité
et de mouvement au sein même du camp et le long de la plate-forme
furent donc nécessaires.
Les photos dans l’album n’ont pas été prises
à la hâte. La tâche des photographes nécessitait
de longues heures de travail sur la plateforme. Leur travail a été
effectué en public, et bien entendu avec l’aval des fonctionnaires
du camp. L’album a été agencé d’une
manière toute professionnelle, dans l’esprit de la photographie
nazie.
L’“album d’Auschwitz” contient quelques éléments
antisémites, typiques des photos prises par les photographes
nazis. De jeunes hommes handicapés, deux personnes mentalement
déficientes, un vieil homme, ainsi qu’une vieille femme
sont montrés en plans rapprochés. C’est la manière
bien connue suivant laquelle les Nazis ont représenté
les Juifs : des éléments dégénérés
et déviants sans intérêt pour la société.
Néanmoins, on ne peut conclure que l’”album d’Auschwitz”
ait été prévu pour servir la propagande antisémite
nazie. La seule conclusion qui peut être tirée doit avoir
trait avec la professionnalisme typiquement. |
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La
représentation comme dimension supplémentaire : un outil
pour l’identification et la datation de l’album
L’“album d’Auschwitz” constitue un bon exemple
de l’emploi de la photographie comme source de référence
et outil essentiel de recherches. Les photographies montrent la nouvelle
voie ferroviaire qui a été installée à Birkenau
juste à quelques mètres du crématorium. Cette voie
a été installée dans le camp en prévision
des grands transports de Juifs hongrois, juste quelques jours avant
que les convois de l’album ne soient photographiés. Les
photos montrent la nouvelle voie en service. Il est donc clair que les
images ont été prises après son installation, à
savoir après la mi-mai 1944. Selon des témoignages de
survivants, le transport est arrivé à Auschwitz la veille
de Shavuot (Sivan 6), les 27 et 28 mai 1944.
Le témoignage visuel qu’apporte l’appareil-photo
aide à l’identification des personnes dans les images de
l’album. Les survivants ont identifié des parents des villes
de Bilke, de Takovo (Tchécoslovaquie), d’Uzhgorod (Hongrie),
et d’ailleurs. Ces informations permettent d’identifier
les points de départ des transports et les dates de leur arrivée.
Lili se reconnut en première, et par la suite les membres de
sa famille. D’autres Juifs de Bilke ont été identifiés
par les parents qui avaient survécu. Bernhard Farkas, un rabbin
natif de Hongrie ayant vu l’album dans les années 1950,
identifia des amis et déclara que les Juifs représentés
sur certaines des photographies avaient été expulsés
de Hongrie. Dans les années 80, beaucoup de personnes ont été
identifiées par des survivants de la ville de Takovo.
L’appareil-photo a également aidé à identifier
le nazi Stefan Baretzki, qui se tient sur la plateforme à Auschwitz
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